Qu’est-ce que le boccia

Les Jeux du Québec définissent le boccia comme un sport joué par des athlètes « ayant une blessure cérébrale ou un autre handicap entraînant des limitations physiques similaires ». Alors que plusieurs comparent cette discipline à la pétanque, la directrice générale de l’Association québécoise des sports pour paralytiques cérébraux Boccia Québec, Josée Malo, considère qu’il s’agit plutôt d’un mélange entre le curling et les échecs. « Le boccia se joue avec plusieurs balles […] et il y a énormément de stratégies. »  L'objectif est de lancer le plus près possible d’une cible, le cochonnet, pour accumuler des points. Les joueurs peuvent donc tenter de pousser les boules adverses pour obtenir une position avantageuse, mais Mme Malo souligne qu’il existe d’autres tactiques comme de faire sauter sa balle par-dessus celle rivale. 

Les athlètes sont divisés au sein de quatre classes, parfois cinq, selon leur limitation, mais il existe aussi deux catégories. Ceux qui sont aptes à contrôler leurs membres supérieurs et qui peuvent facilement manipuler et envoyer les balles sont des lanceurs. Dans le cas contraire, les participants sont mis dans la catégorie des rampeurs. Ceux-ci utilisent une rampe pour aligner leurs boules avec l’aide d’un assistant, ainsi qu'une tige pour les pousser eux-mêmes. Josée Malo assure que cela ne facilite pas nécessairement leur tâche : « Ce sont les joueurs qui disent si leur rampe doit être plus à droite ou plus à gauche, plus haute ou plus basse. Leur partenaire de performance n’a pas le droit de parler ou d’intervenir. » Elle ajoute que ces athlètes sont de fins stratèges alors qu’ils peuvent déterminer où se rendra leur balle selon la hauteur du lancement de celle-ci et l’inclinaison de la rampe. Au bout de quatre à six manches, le joueur ou l’équipe qui a accumulé le plus de points remporte la partie.

Du talent dans la région

L’événement organisé à Joliette a été l’occasion pour neuf joueurs de boccia de s’entrainer ou d’essayer ce sport. Une partie amicale a été planifiée pour tester les six participants les plus habitués, qui ont été séparés en deux équipes. Pendant environ une demi-heure de pure concentration et d’analyses, ils se sont entraidés à trouver la meilleure façon de lancer et la position à prioriser pour gagner des points.

Pour le jeune Raphaël, la journée a été mémorable alors qu’il a permis à son équipe de remporter la partie. En effet, l’un de ses lancers a été envoyé tout près du cochonnet. Malgré de bons coups du côté de ses adversaires, ceux-ci ne sont pas parvenus à envoyer leurs balles aussi loin ni à déplacer celle de Raphaël, qui a donc donné le point gagnant. « J’étais très fier de moi! », a-t-il avoué en arborant joyeusement la médaille de participation qu’il a reçue, tout comme les autres joueurs présents. Le garçon, qui en est déjà à sa deuxième participation à un tel événement, a ajouté qu’il a beaucoup aimé sa journée et qu’il est content d’avoir pu se faire de nouveaux amis.

Le bonheur rayonnait aussi dans le visage de Zachary, un rampeur qui n’en est pas non plus à sa première fois. Sa mère l’accompagne lors des parties comme partenaire de performance : « Avec sa tête, il m’oriente pour me dire comment placer sa rampe. » Puisque Zachary ne peut communiquer qu’avec sa tête ou ses mouvements, sa mère indique qu’ils ont dû établir des signes pour comprendre les directives de son fils durant les parties. Depuis qu’il s’adonne à ce sport, elle voit toutefois des changements dans ses capacités : « Le boccia développe bien sa concentration et on voit qu’il s’amuse beaucoup. » Josée Malo constate aussi que les jeunes joueurs acquièrent des qualités importantes comme être rigoureux, disciplinés, mais surtout bons joueurs. « On dit souvent que dans le sport, il faut apprendre à perdre, mais c’est le plus facile. Apprendre à gagner est autre chose puisqu’il faut éliminer l’arrogance et ne pas mettre de côté la collaboration », rappelle-t-elle.

Cette activité, qui a été organisée grâce à la complicité de plusieurs partenaires comme l’Association régionale de loisirs pour personnes handicapées de Lanaudière, la Ville de Joliette ou encore le Centre intégré de santé et de services sociaux de Lanaudière, a eu lieu dans le but de qualifier Lanaudière en boccia pour les Jeux du Québec de 2026. « À partir de là, les athlètes pourront amasser des points pour leur région en étant de fiers ambassadeurs », soutient Mme Malo. Ainsi, deux joueurs lanaudois âgés de moins de 18 ans, préférablement un lanceur et un rampeur, pourront participer à cette compétition d’envergure. La directrice générale estime qu’il s’agit d’une belle opportunité pour faire connaitre et reconnaitre le boccia, autant auprès de la population générale que des personnes avec limitations physiques qui pourraient s’y épanouir. « Ma motivation est de permettre à chaque personne de découvrir ce sport, de voir ses forces et ses faiblesses et de voir comment elle peut être meilleure dans sa vie, en plus d’avoir du plaisir! », termine celle qui est impliquée dans cette cause depuis 50 ans.