Faire preuve de patience, la clé pour assurer la sécurité de tous

Opérations de déneigement

©Photo gracieuseté

Alain Coutu est toujours aussi passionné par son travail, et ce même après 23 ans.

Les contrôleurs routiers de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) et le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) ont organisé, le 26 février dernier, une conférence visant à sensibiliser les conducteurs aux comportements à éviter autour des déneigeuses. Alain Coutu, qui occupe le poste d’opérateur de chasse-neiges depuis 23 ans sur le territoire joliettain, a vu son lot de manœuvres exécutées par des automobilistes pressés dont plusieurs se sont terminées en accidents qui auraient pu être évités.

« Les automobilistes veulent souvent dépasser les déneigeuses, mais ils ne savent pas ce qu’il y a en avant. Pourtant, nous sommes là pour leur sécurité et non pour leur nuire », assure le conducteur et opérateur de camion lourd et d’engins de chantier.

En plus de la température elle-même, les usagers de la route trop pressés sont les principaux problèmes auxquels doivent faire face les opérateurs. « Les gens se collent derrière toi et se mettent sur les « hautes ». Nous regardons nos miroirs toutes les trois secondes pour rester à l’affut, mais les lumières deviennent dérangeantes », souligne M. Coutu, qui recommande donc au public de garder leurs phares à une intensité normale.

Les angles morts des chasse-neiges sont également très nombreux. Non seulement le véhicule est large, mais les pelles qui se trouvent à l’avant et sur le côté obstruent la vision. Lorsque des usagers de la route font des manœuvres de dépassement sans respecter une distance sécuritaire, des accidents peuvent survenir. Bien que la majorité des automobilistes soient raisonnables, Alain Coutu constate que les plus téméraires sont les véhicules plus gros comme les VUS ou les camionnettes.

Durant ses nombreuses années en tant qu’opérateur, il a été témoin de toutes sortes de dépassements dangereux. Il se souvient d’ailleurs d’une fois où un véhicule a tenté de le doubler, mais a finalement glissé sur la chaussée et s’est retrouvé dans le fossé. À un autre moment, un conducteur a tenté de le dépasser par le côté où se trouvait son aile de déneigeuse avant de se rendre compte qu’il ne pourrait pas passer.

Une vitesse de 40 km/h à respecter

Avec ses collègues du Ministère, Alain Coutu s’attaque à plusieurs routes principales telles que l’autoroute 31, la 158 jusqu’à Saint-Esprit, la 131 jusqu’au territoire de Saint-Félix-de-Valois et la 343 jusqu’à Saint-Ambroise-de-Kildare, pour un total de 150 kilomètres. « Les opérations sont plus complexes en campagne à cause des côtes et des chemins plus étroits », avoue-t-il. Il poursuit en disant que les rangs sont aussi problématiques parce que de la poudrerie s’y accumule souvent, donnant comme exemple le chemin St-Pierre à Sainte-Élisabeth.

Puisque les opérateurs de chasse-neiges doivent étaler du sel, il arrive souvent que les véhicules doivent circuler à une vitesse se situant entre 40 et 50 km/h. C’est à cette vitesse que le sel est épandu équitablement sur la chaussée. M. Coutu ajoute d’ailleurs que ces opérations sont beaucoup plus efficaces si les automobilistes suivent la déneigeuse : « Ça fait ralentir un peu le trafic, mais tout le monde roule sur le sel donc ça l’active beaucoup plus rapidement. »

Il termine en disant que c’est une vraie passion pour lui d’être opérateur de déneigeuse. « À la dernière tempête, ce n’était pas mon chiffre et je fatiguais chez moi!, avoue celui qui est âgé de 69 ans. Il faut que tu aimes ça, parce que sinon tu vas trouver ça long. » Alain Coutu reconnait qu’il ressent toujours un petit stress à chaque opération : « mais ça en prend parce que si tu n’as plus peur, c’est là que ça devient dangereux. Nous sommes toujours sur l’adrénaline, il se passe tellement de choses alors il faut garder le focus! »

©Photo gracieuseté

Les organisateurs de la conférence ont représenté les angles morts des déneigeuses avec des tapis rouges.

La prudence est de mise

Lors de la conférence de sensibilisation du 26 février, qui s’est tenue à Saint-Jérôme, une déneigeuse a été mise en démonstration dans le stationnement du MTMD. Des tapis rouge ont été installés autour d’elle, question de bien identifier les angles morts. « C’est la troisième fois qu’on fait l’expérience. On l’a fait à Rouyn, à Gatineau et maintenant ici à Saint-Jérôme », rappelle Alain Gilbert, agent aux relations publiques Contrôle routier Québec/Société de l’assurance automobile du Québec.

C’est à la suite de deux accidents survenus à Saint-Gabriel-de-Brandon et à Mont-Laurier, vers la fin du mois de janvier, que les représentants du Ministère et de la SAAQ ont vu la nécessité de rappeler aux conducteurs de faire preuve de prudence.

Ainsi, si l’un d’entre eux doit réellement doubler un véhicule affecté au déneigement, il doit d’abord s’assurer que la signalisation et le marquage au sol permettent de le faire (ligne pointillée sur la chaussée). Cette manœuvre est toutefois interdite s’il y a une ligne continue, sauf pour dépasser un cycliste, une machine agricole, un véhicule à traction animale (calèche) ou un véhicule muni d’un panneau avertisseur de circulation lente (triangle orange), et ce, seulement si le dépassement peut se faire sans danger.

Tout en étant sûr que le véhicule à l’arrière ne s’engage pas au même moment dans la voie de dépassement, l’usager de la route doit aussi vérifier que cette dernière soit libre sur une distance sécuritaire.

Il est aussi nécessaire que le conducteur annonce à l’avance le changement de voie en utilisant son clignotant, fasse sa manœuvre et revienne dans la voie de droite une fois le véhicule dépassé en gardant toujours une distance sécuritaire.

En collaboration avec Isabelle Houle

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