C’est un cumul de six ans de téléphones, de déplacements dans les régions, de soutien de bénévoles qui mena, au matin du 28 janvier 1975, le motoneigiste Bob Petit et 23 amis vers Québec, en six étapes, à partir de l’Hôtel Centrale de Mont-Laurier, et ce, sur une distance de 818 km en cinq jours.

C’est l’inauguration en longueur du premier sentier de motoneige touristique sur la planète, rien de moins. Les arrêts dans les Hautes-Laurentides sont planifiés, dont un à Sainte-Véronique et Val-Barrette. Pour commémorer cet événement, M. Petit a donné rendez-vous aux motoneigistes à Saint-Jean-de-Matha, le 1er février dernier, afin de prendre la direction de Saint-Zénon. L’occasion est bonne pour le légendaire motoneigiste de revenir sur le passé qui le carbure encore.

« À Val-Barrette, le premier village, Bernard Deschamps, grand responsable de Trans-Québec dans les Laurentides, nous réservait toute une surprise, en passant par la rue principale où tous les élèves de l’école étaient sur le trottoir pour nous saluer avec ballounes et serpentins. À environ une dizaine de kilomètres, juste avant la barrière du parc du Mont-Tremblant à L’Annonciation, le sentier est une étendue d’eau où plusieurs motoneigistes se sont mouillé les pieds. Une dame qui avait tout vu nous a vendu une douzaine de bas de laine qu’elle avait tricotés et que plusieurs ont bien appréciés! », raconte Bob Petit, toujours aussi fringant à 85 ans.

La route s’est poursuivie vers La Macaza et les 24 courageux motoneigistes de la Caravane de la Bonne entente, dont le comédien Denis Drouin et le président, sont entrés dans le parc du Mont-Tremblant sur un sentier en excellente condition. Le thermomètre marquait - 31.

Des souvenirs impérissables

Peu avant la célébration du 1er février 2025, <@Ri>le Journal<@$p> a rencontré brièvement Bob Petit à Saint-Jean-de-Matha pour qu’il partage quelques souvenirs. Il était alors chez un concessionnaire qui lui prêtait une motoneige toute neuve lettrée pour l’occasion. L’homme de 85 ans était de belle humeur et fébrile pour le départ. Mais que retient-il de cet événement depuis 50 ans?

« Quand je regarde dans le miroir, il n’y a qu’une seule personne de l’organisation de 1975, sur les six, qui est toujours vivante, et c’est Bernard Deschamps à qui je parle régulièrement. Vous savez, ce sentier est un exploit, car à l’époque, il n’y en avait aucun pour voyager », raconte celui qui est toujours un phare de la motoneige, surtout dans Lanaudière.

M.Petit se souvient vivement d’une grave blessure qui l’a mené à l’hôpital en 1967. C’est là qu’il a commencé à jongler avec l’idée de lier les sentiers existants pour en faire un seul, plus long, plus sécuritaire. « Ce fut ardu, dit-il, même avec des amis, mais aujourd’hui tout le monde en profite. »

Au lendemain de la commémoration, M. Petit s’est adressé à la vingtaine de personnes qui étaient de la caravane : « Avec cette célébration des 50 ans des Sentiers Trans-Québec et mes 50 ans bien remplis, et seulement parce que mes 85 ans ne veulent plus me suivre, merci beaucoup, mes amis, j’ai participé avec vous à ma dernière randonnée. »

Le légendaire Bob Petit a trimé fort pendant des années pour qu’on lui colle ce titre. Créateur de sentiers de motoneige, partout au Québec, il obtient depuis les années 1960 de nombreux droits de passages, voit à l’entretien des sentiers, crée de la signalisation [avec son père et sa mère] tout en travaillant à connecter les grandes régions par ses Sentiers Trans-Québec. C’est l’homme qui œuvre aussi pendant deux ans au développement de la Fédération des Clubs de motoneiges du Québec (FCMQ).