Culture
Retour06 novembre 2024
Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca
Les expériences humaines au cœur du programme éducatif
Musée d’art de Joliette
©Photo gracieuseté - Musée d'art de Joliette - Romain Guilbault - L'Action d'Autray
Le Musée d’art de Joliette (MAJ) mise sur une toute nouvelle approche au sein de ses activités éducatives. L’objectif? Sortir le visiteur du traditionnel mode d’observateur afin qu’il puisse développer un sentiment d’appartenance plus grand envers les œuvres et l’institution, tout en prenant le temps d’apprécier le moment présent.
« Nous misons sur une approche différente en ce qui concerne nos activités éducatives. Nous avons commencé à explorer cette façon de faire pendant la pandémie », explique Ariane Cardinal, conservatrice à l’éducation au MAJ.
L’un des premiers gestes de l’institution a été la création du jeu « Voir au-delà », qui propose une série de questions que le visiteur peut se poser devant une œuvre. « Si la volonté était déjà présente au sein de l’équipe, c’est vraiment à partir de ce jeu que l’envie d’aller plus loin est venue. »
Ainsi, le programme éducatif est davantage teinté par une approche participative où le rôle des médiateurs est d’encadrer le visiteur, mais où celui-ci est amené à trouver les réponses par lui-même. « On veut amener les visiteurs à reconnaître et à exprimer les émotions que les œuvres suscitent chez eux. Il y a aussi une volonté de décoloniser le musée et de se défaire des biais que nous avons pour amener des discussions plus riches. »
Les participants seront invités à explorer comment les œuvres d’art suscitent des résonnances émotionnelles chez eux et à créer des ponts entre leurs expériences personnelles et l’apprentissage. Ils développeront aussi des compétences telles que la capacité critique, la sensibilité aux réalités sociales, l’intelligence émotionnelle et la valorisation de la diversité culturelle.
« Au fond, on touche aux bases du vivre-ensemble, du savoir et du savoir-être, toujours dans le plaisir d’apprendre et la curiosité. On utilise l’art pour comprendre l’expérience humaine. Ce sont aussi les bases de la persévérance scolaire. Le Musée devient un lieu de dialogue et de compréhension où l’empathie est un outil pour encourager une connexion profonde entre les participants et les œuvres. »
« Jouer dans les salles »
Depuis cet automne, le MAJ propose au grand public de découvrir les collections autrement tout en étant accompagné. Deux visites « Résonnance et sensations » auront lieu à l’occasion de la programmation d’automne, soit le 10 novembre et le 8 décembre. « Nous proposons une série d’activités pour créer des liens affectifs avec les œuvres », déclare Ariane Cardinal.
Avec ce mouvement vient aussi le fait d’approfondir la compréhension du moment présent. « Il s’agit d’une invitation à prendre le temps, à décrocher, à ralentir et à être dans le moment présent à partir d’une expérience multisensorielle et non plus de visiter le musée dans la précipitation. »
L’idée est réellement de permettre au public de voir au-delà et de lui faire découvrir les œuvres de différentes façons, en les associant avec des odeurs ou de la musique par exemple. En effet, un tableau pour faire émerger les souvenirs d’une chanson ou l’odeur d’un plat qu’il aime chez le visiteur. Ou encore une émotion de bien-être, de colère ou de tristesse. « On vient utiliser tous les sens pour créer des liens avec les œuvres. »
Avec les visiteurs de niveau primaire, les activités misent sur les émotions et l’empathie, soit le fait de se mettre à la place de l’autre. Au secondaire, alors que les enjeux d’anxiété sont de plus en plus présents, l’art devient aussi un outil supplémentaire pour aider à comprendre ses émotions et à les gérer. « C’est le bien-être par l’art. Les œuvres peuvent devenir un outil d’apaisement que les gens peuvent approfondir à la maison aussi. »
Et à travers ces activités, l’équipe du MAJ transmet toutes les informations sur les œuvres et les artistes, sans que ce soit dans un mode passif pour le visiteur. « Ça devient un échange entre l’artiste, le visiteur et le médiateur au cœur duquel les propos du public sont tout aussi importants que le reste. C’est une approche horizontale. »
Chaque activité est adaptée aux visiteurs présents et à leur aisance à explorer différemment ou non. Les visites traditionnelles se poursuivent aussi. « On s’adapte au groupe. Ça peut être déstabilisant, mais rapidement, les gens embarquent. Parce que même les adultes peuvent « jouer » dans les salles d’exposition. « On veut amener le visiteur à réfléchir et à se poser des questions en prenant conscience que devant les œuvres, personne ne peut se tromper. Il faut arrêter de regarder et commencer à voir. »
Pour réserver et participer à une visite « Résonnance et sensations » : museejoliette.org.
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