En effet, l’objectif principal des artisans est d’offrir une seconde chance aux arbres. « Jamais on ne couperait un arbre seulement pour le sculpter. Le but est vraiment de le revitaliser. »

C’est en 2007 que les Rawdonnois ont commencé à travailler le bois. Pierre Turgeon avait déjà de l’expérience dans la construction en bois rond, mais lors de la visite d’une exposition agricole aux États-Unis, le couple a rencontré un sculpteur qui les a grandement inspirés.

Pierre et Micheline se sont donc mis à lire, à prendre part à des ateliers et à créer. « Nous avons participé à beaucoup de symposiums en Ontario où il y a des cours et des ateliers et où il est possible d’échanger et de voir tout ce qui existe. »

Des billots d’arbres récupérés sont leur inspiration première. Les tronçons choisis deviennent des formes taillées directement dans la matière ligneuse pour découvrir des sujets qui rappellent la grande biodiversité de la terre. Des outils rotatifs électriques viennent compléter le façonnage des détails et de la finition.

Le couple a réalisé de nombreux projets publics avec des municipalités, mais il fait aussi des projets privés pour des particuliers ou des entreprises. Il crée à partir de pin blanc, d’épinette, de cèdre, de frêne ou de noyer.

Ceux qui circuleront dans le secteur du métro Saint-Michel à Montréal pourront d’ailleurs apercevoir un banc papillon sculpté à même un gigantesque orme du parc Jarry qui avait 250 ans.

Parfois, les créateurs travaillent directement à même un arbre abimé pour en faire une œuvre d’art, comme à Rawdon, dans le domaine Pontbriand Sud où un grand pin ancestral avait été brisé lors du derecho de 2022.

Lors de la visite de L’Action, Pierre Turgeon a fait découvrir sa dernière création intitulée Mégaphone de la forêt. « C’est un projet personnel, j’avais le bois pour le faire qui était entreposé dans ma cave depuis deux ans! »

La sculpture, tout en cèdre, permet de se coucher à l’intérieur pour entendre la forêt, puisque l’œuvre amplifie les sons ambiants. Celle-ci est entièrement démontable et représente un total de 150 heures de travail. « C’est une pièce interactive qui propose une expérience complètement sensorielle. »

Pour Mégaphone de la forêt, le couple de sculpteurs a notamment été inspiré de parcours japonais qui sont comme des bains de forêt, avec des stations, dans le but de se ressourcer. « Ce genre d’immersion invite les gens à serrer les arbres ou à marcher pieds nus sur des aiguilles de pin par exemple. L’œuvre s’intégrerait parfaitement dans un tel projet », ajoute Micheline Coutlée.

Une autre des œuvres récentes du couple est une ruche qui est installée Au Jardin des noix à Saint-Ambroise-de-Kildare. En effet, le couple de sculpteurs a rencontré les propriétaires de l’entreprise Miel et Venin lors d’un marché de Noël. L’idée est ensuite venue de sculpter une ruche pour leurs abeilles.

Le public peut également admirer un dragon monumental qui prend place dans le nouveau jardin Feng Shui de Bonsaï Gros-Bec à Saint-Alphonse-Rodriguez, avant de prendre le chemin du Festival des artisans en septembre, dont l’édition 2024 se déroulera sous le thème À travers le monde.

Lors de ce festival, Micheline Coutlée dévoilera également une sculpture à l’effigie d’un ours sur laquelle elle a travaillé quelque 90 heures. L’animal est d’ailleurs une inspiration prisée tant du couple que du public et la sculptrice souhaite les façonner le plus réalistement possible.

Pour s'informer sur les projets du couple : pmsculpture.com.