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28 novembre 2019

Les CHSLD privés dans une situation «d’iniquité intenable»

Sous-financement de l’hébergement privé-public

Main aîné

©Gracieuseté Pixabay

La pénurie de main-d'oeuvre constitue le «nerf de la guerre».

En mars dernier, la ministre Marguerite Blais annonçait un investissement de 30M$ pour les CHSLD privés non-conventionnés, afin de régulariser le financement des places achetées à différents taux par les CISSS/CIUSSS. Malgré les promesses du gouvernement, ces établissements privés n’ont rien reçu à ce jour pour combler cet écart.

Par voie de communiqué, l’Association des établissements de longue durée privés du Québec (l’AELDPQ)  demande donc au gouvernement «de corriger cette situation d’iniquité maintenant. Les aînés hébergés dans les CHSLD privés méritent d’avoir accès au même niveau de soins et de services que ceux hébergés dans les CHSLD publics.» Cette association regroupe 34 CHSLD privés non conventionnés au Québec.

Plus de 70 % des 4000 places offertes par les CHSLD privés sont achetées par le réseau public, mais ceux-ci n’obtiennent pas le même financement alors qu’ils doivent offrir le même niveau de service. En effet, un CHSLD privé reçoit en moyenne pour un résident, 36 000 $ de moins par année pour une place d’hébergement achetée par le gouvernement, comparativement à un CHSLD public.

À l’instar des autres régions, la situation est critique dans Lanaudière.  «Nous voulons rappeler au gouvernement leur promesse de 30M$ annuel, récurrent et indexable. Chaque jour, chaque mois d’attente creuse l’écart, au détriment des usagers, en conséquence ultime», a déclaré, en entretien avec L’Action, Paul Arbec, vice-président de l’AELDPQ et propriétaire du Groupe Santé Arbec. «Nous avons une bonne relation avec le CISSS, mais l’argent, pour que nous puissions être opérationnels, provient du ministère où on nous répond que la situation est complexe par les aspects légaux et concurrentiels. Je comprends cette complexité bien réelle. Dans l’idéal, il faut créer un modèle unique, aux mêmes niveaux de sécurité, de services et donc de financement», ajoute-t-il.

Rétention de personnel : le nerf de la guerre

«À l’annonce de ce financement, les membres de l’AELDPQ souhaitaient notamment rehausser les salaires de leurs employés, afin de permettre une rétention de personnel, particulièrement en ce qui concerne les préposés aux bénéficiaires et les infirmières licenciées…on attend toujours», précise M. Arbec.  À cet effet, précisons que le salaire moyen de base à l’embauche d’un préposé aux bénéficiaires est actuellement de 20,50 $/h en CHSLD public, et seulement de 13 $/h en CHSLD privé. Avec l’augmentation imminente des salaires des préposés aux bénéficiaires œuvrant dans le secteur public, «cet écart salarial risque de se creuser davantage si le gouvernement ne corrige pas d’abord cette situation», souligne l’Association.

Ainsi, selon l’AELDPQ, compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre qui frappe le secteur de la santé au Québec et des négociations en cours dans le réseau public, «il est de plus en plus difficile de réussir à attirer et retenir le personnel nécessaire pour répondre aux besoins de la clientèle et rencontrer les normes gouvernementales exigées. Or, un financement juste et équitable de la part du gouvernement permettrait notamment de rehausser les conditions salariales qui travaillent en CHSLD privés.»

Investir dans le béton

Ce partenariat public-privé s’avérait a priori une formule gagnant-gagnant, l’offre de l’État ne pouvant plus suffire à la demande d’hébergement. «Ce que nous réussissons à offrir dans un délai moyen d’un an et demi prend de trois à sept ans au palier gouvernemental», explique M. Arbec.

Et que pense-t-il de l’annonce faite par la ministre Blais concernant l’ouverture des maisons des aînés? «On est dans la bonne direction, une approche plus humaine, plus proche du modèle en cours en Europe. D’ailleurs, cet investissement provient d’une autre enveloppe budgétaire prévue à cet effet. Par contre, il faut toujours tenir compte de la pénurie de main-d’œuvre qui est non négligeable. C’est dommage d’investir plus dans les bâtisses que dans les relations humaines. Et en ce qui touche la transformation de plus de 2500 places en CHSLD, c’est bien, mais ce n’est que sur 40 000 lits dont beaucoup sont déjà vétustes.»

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